Conseil de Congrégation

Du 11 au 16 avril, les sœurs des Sacrés-Coeurs sont réunies pour le Conseil de Congrégation. Cet événement rassemble les responsables des différents pays où la Congrégation est présente: Canada, Congo-Brazzaville, France,Madagascar et République Dominicaine. Il a trois finalités principales: assurer la concertation entre les responsables des différents pays, partager les informations sur tout ce qui touche la congrégation et promouvoir l’animation de toute la congrégation.
Habituellement, ce conseil a lieu en France, mais en raison de la pandémie mondiale il n’a pas pu se rassembler en présence physique. Il va donc se vivre en visioconférence. C’est une nouveauté pour nous toutes qui nous permet d’être présentes les unes aux autres d’une manière inédite.

Introduction au Conseil de Congrégation. Dimanche 12 avril 2021

MERCI à chacune d’être là par ce moyen de la visioconférence. Nous aurions aimé être présentes autrement mais la situation actuelle ne nous le permet pas. Mais cette situation inédite nous permet aussi d’expérimenter une nouvelle manière de faire corps avec la présence des conseils dans leur totalité.

Un bonjour spécial aux sœurs de la province canadienne qui sont de nouveau avec nous. Soyez les bienvenues !

Bienvenue également à Sr Edith, coordonnatrice du Congo et à Sr Emilienne, provinciale de Madagascar, à Sr Justine conseillère de Madagascar  et Virgilia, conseillère en RD qui n’étaient pas avec nous au dernier chapitre.

Bienvenue aussi à Sr Catherine Ryan qui va nous accompagner durant ces 6 jours.

Et puis un dernier bonjour à nos sœurs de chacun des pays où nous sommes. Elles sont présentes avec chacune de vous ; elles sont présentes également par leur prière qui nous accompagne ; Nous leur seront présentes, autant que possible, par un partage de nos journées sur le site de la Congrégation

« A vin nouveau outres nouvelles » disait le pape François aux religieux en 2017. C’est ce même passage de l’Evangile de Marc 2,22 qui a mobilisé la rencontre du Chapitre de juillet 2019. Je me permets de reprendre quelques lignes écrites dans la première lettre de la SG reçue aux environs du 15 août 2019  dans laquelle je prenais une image maritime : « Contrairement au train qui, par les rails, suit une route toute indiquée, le bateau, en mer fait face parfois aux éléments déchaînés et peut être malmené par des vents contraires qui nous obligent à opérer quelques manœuvres bien étudiées… Jésus notre  guide en fraternité sera notre boussole et l’orientation du chapitre notre cap ».

Aucune de nous n’aurait pu prédire ce que nous sommes en train de vivre : cette pandémie mondiale qui nous fait rester « à la maison » chacune dans notre pays. Oui, notre bateau est bien secoué, mais chacune est sur le pont pour affronter la tempête.

Nous essayons, chacune là nous sommes de nous tenir dans la jeunesse et la nouveauté, même si  cette pandémie peut nous user, nous vieillir avant l’âge, nous décourager et peut-être nous conduire dans un désert spirituel et apostolique.  Comme les disciples dans l’Évangile de ce jour, nous avons la tentation de rester enfermées chez nous par peur du virus et de ses conséquences. Il nous faut affronter le défi de la faiblesse, du découragement, et nous savons que Dieu ne nous laissera pas orphelines. Il nous fera grâce par l’envoi de son Esprit.

Alors dans ces 6 jours de conseil de congrégation nous allons essayer de sortir de chez nous, de nous ouvrir à la différence, de nous rendre présentes les unes aux autres à travers ce qui se vit dans chacun de nos pays. C’est pour cela que nous sommes là,  pour remplir ensemble nos outres avec le vin nouveau produit par les fruits de l’Orientation Fondamentale  de notre dernier chapitre.

Pour nous toutes, je souhaite que ce temps soit un temps d’écoute, de partage, de discernement et surtout de fraternité. Que ce temps nous permette d’élargir l’espace de notre tente et nous donne d’accueillir le meilleur de ce que nous allons nous offrir les unes aux autres.

            Martine Chaillot

La Chasse aux oeufs (France)

Un moment d’ouverture et de joie pendant ce confinement ! L’après-midi de Pâques, nous voici toutes dehors à la recherche des œufs que d’autres ont semés ici ou là, dans le parc. C’est une joyeuse course à pieds, en fauteuils, avec cannes ou déambulateurs… « Y’en a plein par là, dans le buisson – là aussi, par derrière… » Et voilà, que peu à peu, les paniers se remplissent.

Et les chercheuses arrivent, avec leur récolte, dans la salle commune où les attendent celles qui ne sont pas sorties. Les œufs se partagent, la joie aussi. Joie des enfants, joie de la découverte, joie du partage. JOIE DE PÂQUES !

Vive la chasse aux œufs !

                                                 Sr Gaby Rézeau

Aube pascale à Fontenay-le-Comte (France)

Tout était prêt et annoncé pour une veillée pascale à 15 h 30 le samedi saint. Même si associer le mot « veillée » à « 15 h 30 » avait quelque chose d’incongru, mais en ce temps de couvre-feu on s’en accommodait. Quand les Évêques de France ont dit « Non, non, non… la veillée pascale doit se faire de nuit », et surtout s’il y a des baptêmes. Qu’à cela ne tienne, ce sera à 6 h 30 !

J’ai commencé par douter, sourire de cette décision : qui viendra à cette heure si matinale, un dimanche matin ? Puis, peu à peu, à la réflexion cette idée a fait son chemin. Oui, il peut y avoir quelque chose de beau à vivre en Église à ce moment-là. Fêter la résurrection du Christ à l’heure où la nuit cède le pas au jour, c’est toute la symbolique du passage : des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, du péché au salut.

Alors, en ce 4 avril, dimanche de Pâques, je me suis rendue à ce qui fut baptisé « aube pascale », qui n’en était pas moins la liturgie de la « veillée pascale ». Surprise de voir combien de paroissiens avaient pris ce même chemin, de tous âges, des enfants bien éveillés et des personnes âgées, des familles entières. Tous, visiblement heureux de se retrouver.

Il est 6 h 30 quand nous sommes invités à nous tourner vers le fond de l’église où l’on va allumer le feu pascal, sur le seuil, portes grandes ouvertes sur la nuit. Il brille, il est magnifique ce feu que le prêtre va bénir et auquel sera allumé le cierge pascal. Lumière qui dissipe les ténèbres, symbole du Christ ressuscité. Ce cierge pascal auquel seront allumés tous les cierges de l’assemblée : Christ est notre seule lumière.

La célébration se poursuit… comme une veillée pascale et les symboles prennent une dimension toute particulière. Celui du passage des ténèbres à la lumière en particulier : entrés dans l’église de nuit nous en sortons en pleine lumière avec un soleil radieux. C’est toute la symbolique de Pâques que l’on perçoit mieux qu’à la veillée pascale, où l’on entre de jour pour sortir la nuit tombée… Et puis c’est bien le matin de Pâques que les femmes sont allées au tombeau et l’ont trouvé vide. L’évangéliste Jean précise même que « c’était encore les ténèbres ».

La célébration terminée, à la sortie de l’église les gens s’attardent et partagent leurs impressions : aube pascale qui prend tout son sens et sa symbolique du passage. Magnifique aube pascale ! Christ est vraiment ressuscité, Alleluia !

Et si on continuait avec cet horaire les prochaines années ?

NB – Et tout ça bien sûr dans le strict respect des consignes sanitaires (masque, gel, distanciation, communion dans la main, geste de paix du regard).

Sœur Emmanuelle

Rendez-vous en Thébaïde… (France)

Telle fut la proposition  de la société Commune Image Media et du réseau Connaissance du monde dont le siège se situe à Paris dans le XIVème. Cette proposition nous est arrivée par voie téléphonique à la communauté rue du Balat à Mauriac. Un message écrit a suivi, il dévoile leur projet : ‟Développer une collection documentaire sur les édifices religieux chrétiens, qui regroupe 12 épisodes réalisés à travers toute la France. Ceux-ci ont pour objectif de mettre en valeur le patrimoine régional et de faire découvrir son histoire à nos spectateurs.”

La surprise fut grande en apprenant que le site du monastère de La Thébaïde* dans le Cantal était retenu. Une interview est programmée pour le samedi 27 mars 2021 Avec sr Irène  nous nous rendons sur ce site cher à notre cœur.

Les deux cameramen Isabel et Pierrick nous accueillent, les caméras sont installées non loin de la fontaine. Le test du micro étant satisfaisant, Le clap de départ est donné pour raconter l’histoire de ce lieu à travers l’histoire de ce prêtre Jean-Baptiste Serres qui en a mûri le projet.

Sur une feuille étaient couchés quelques repères, le fil rouge du propos…mais il fallut consentir à avancer sans filet !

Ce n’est qu’à la fin de l’année que les montages de ces films seront achevés. Parmi les lieux de notre région, Montsalvy et l’abbaye d’Aubazine en Corrèze sont retenus.

Mr Magne, maire de la commune d’Arches, qui est devenue propriétaire de La Thébaïde, et Mr Vidal professeur d’histoire au lycée de Mauriac, présents au moment de l’enregistrement, ont exprimé chaleureusement l’intérêt qu’ils portaient à l’histoire de ce lieu.

* En 1999, Les sœurs des Sacrés-Cœurs de Mormaison ont accueilli par voie de fusion la congrégation des Petites Sœurs des Malades de Mauriac. Leur fondateur est un prêtre du Cantal, l’abbé Jean-Baptiste Serres. C’est lui qui fut séduit par ce site silencieux au milieu des bois et qu’il nomma Thébaïde. Il y fit construire un monastère en vue de fonder une congrégation de Pères.  Aujourd’hui le bâtiment du monastère subsiste, il a été acheté par la commune  d’Arches qui envisage sur ce lieu un parcours culturel dans le respect de l’intuition première.

Sœur Jacqueline PAGE, Communauté de Mauriac (rue du Balat)

LES TRIOS BIBLIQUES : une proposition de notre paroisse, en marche vers Pâques (France)

Pour moi, c’est une réponse à l’invitation qui nous a été faite pour vivre le carême et approfondir la PAROLE avec d’autres. Ce temps est bénéfique pour moi et pour chacun de nous : «Si deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux»

C’est un trio amical qui permet de redonner goût à l’Évangile et nous offre la joie de partager. C’est une rencontre vécue dans la simplicité, en communion fraternelle, qui nous aide à découvrir ou redécouvrir la bonté de Dieu qui ne connaît pas de limites. Pour moi c’est un appel à entrer dans cet amour en profondeur plus qu’en paroles. Héléna

La rencontre du trio biblique m’a apporté moment de prière, de louange, de bonheur. C’est un partage autour de la parole du Christ.

C’est un moment où on s’arrête pour écouter, s’écouter, partager. Un temps de convivialité aussi, de richesse, la richesse du cœur à la rencontre de la parole de Notre Seigneur. Nous avons soif de recevoir ce partage.

Pour notre groupe ce n’est qu’un début, d’autres rencontres seront organisées après le carême. Edith

J’ai beaucoup apprécié ces temps de partage à partir d’un texte d’Évangile. Le fait d’être un petit nombre, de réfléchir personnellement avant de nous retrouver, d’écrire notre réflexion facilitait le partage. Les textes proposés et les questions rejoignaient bien notre vie. Chacun écoutait, s’exprimait à son tour. Il ne devait pas y avoir de débat, mais celui-ci venait après, autour de la tasse de café ! L’ambiance était très fraternelle !

Nous nous retrouvons chaque lundi depuis le début du carême. Et nous avons l’intention de continuer au moins une fois par mois.

Personnellement je suis très contente d’avoir fait cette expérience. Bernadette

Le trio biblique c’est une formule qui attire du fait du petit nombre de participants; Pour certains ça peut faire moins peur qu’une réunion avec beaucoup de personnes qu’on ne connaît pas.

Le style de questions est très simple, pas du tout intellectuel : après lecture du texte d’Évangile proposé, dire ce qui me touche, ce que j’apprends, ce qui m’éclaire, ce que je peux mettre en pratique.

Pour l’une de nous ça été l’occasion de sortir le Nouveau testament de CM2….

A trois, on privilégie aussi le côté convivial et plus intime, ce qui aide sûrement pour s’exprimer et se faire confiance. Christiane

Prier et approfondir les mêmes textes avec la même démarche réunit des chrétiens de situation, sensibilité, convictions, différentes et nous rappelle que nous sommes frères et sœurs dans le Christ et enfants du même Père.

Dans ces passages de l’Évangile, Jésus part de la vie de ses contemporains. Les thèmes abordés avec les paraboles parlent aux disciples ou aux gens présents et en même temps nous rejoignent dans notre vie de tous les jours. Ils nous renvoient à des situations rencontrées au cours de nos vies. Ils nous amènent à nous interroger sur nos façons d’agir et de voir comment répondre à ce message du Christ, en y réfléchissant au long de la semaine.

Le trio, petit groupe, avec une expérience et un cheminement particuliers facilite le partage et enrichit l’échange dans un climat d’écoute mutuelle.

Ces rencontres qui commencent et se terminent par la prière à notre Père très miséricordieux nous rapprochent des autres trios, membres de l’Église en marche vers Pâques. Nous aimerions continuer mais à un autre rythme. Rémi et Marie-Thérèse

>>Pour s’informer www.triosdecroissance.org

Des sœurs et des Associés de Challans

Nouvelles de Fianarantsoa (Madagascar)

Le Collège Bienheureux Lucien BOTOVASOA de notre communauté de Fianarantsoa a inauguré le statut de son patron, le Bienheureux Malagasy Lucien BOTOVASOA, la grotte mariale, ainsi que les 4 salles de classe, don de l’Association « Coeur du Monde » de Patrick PADIOU de Vendée.

La veille, la fête a  commencé, par le don des offrandes. Selon la coutume de cette région, quand on inaugure une maison, le propriétaire reçoit des dons par la famille ou les voisins. Ici, les parents d’élèves et les élèves apportent leurs offrandes : de l’argent ou du riz ou autres choses et le comité scolaire et la directrice les reçoivent en dansant et en habillant des tenues traditionnelles.

Bien sûr, des discours ont été faits durant la fête. C’est la spécialité de ce coin, pas de fête sans discours. Ici, un petit garçon de la préscolaire a ouvert le « kabary », et chacune de classe a son tour de parole. Quand l’apport des offrandes et le discours sont terminés, une porte parole de l’école a pris la parole pour remercier tout le monde.

Le lendemain, l’inauguration a commencé par une grande messe présidée par l’Archevêque de Fianarantsoa et neuf autres prêtres. Des personnes en responsabilité dans l’Enseignement catholique et public étaient présentes. La pluie est tombée abondamment, lors du chant d’action de grâces. Pour eux, c’était une grande bénédiction. Merci Seigneur pour cette belle fête.

Soeur Andréa, Directrice du Collège Lucien BOTOVASOA et Soeur Carole de Madagascar.

Prendre soin de nos écoles, de nos liens… à Madagascar !

A Mandritsara, l’attention à prendre soin du cadre de travail des élèves de l’école a porté ses fruits.

Les enfants disposent désormais de bancs pour s’assoir sous les arbres… Les parents sont accueillis dans un bureau rénové.

Voici deux photos illustrant l’embellissement de la cour et l’école Sainte Thérèse de Mandritsara.

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En fait, les soeurs avec l’équipe éducative font des efforts pour que leur école soit attirante et que  les élèves soient   courageux et laborieux en ayant ce beau lieu. En même temps, c’est pour  réaliser ce que notre chapitre et le Pape François demandent dans Laudato si : soigner notre maison commune.

Les soeurs de la communauté prennent aussi soin des liens de fraternité : en fêtant les anniversaires, elles rendent grâce pour la vie reçue et la vie commune.

A Ambato-boeny, l’école s’appelle aussi Sainte Thérèse .

Des hommes (parents d’élèves?) sont en train de clôturer l’école pour préserver la propriété de la Mission Catholique… Préserver le bien commun ! Cela crée une solidarité avec les parents, paroissiens et soeurs !

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Sr Geneviève et sr Carole,sscc,  Madagascar

Un logo réalisé par Sr Aude pour la journée de la vie Consacrée : Fratelli Tutti, comme source d’inspiration !

Soeur Aude Milandou, accompagnée de Sr Noëlle et de Laura, aspirante, ont posé lors de la fête de la vie consacrée à Brazzaville. L’artiste qu’est Sr Aude a présenté le logo qu’elle nous explique ci-dessous.

LA SYMBOLIQUE DU LOGO

L’encyclique FRATELLI TUTTI est une invitation que le Saint-Père adresse aux Hommes, tous frères et sœurs en humanité. Cette encyclique m’a inspiré le logo ci-contre.

Ce logo a une symbolique ternaire. En effet, on peut y déceler trois niveaux de compréhension.

Le premier niveau, c’est la Parole de Dieu symbolisée par le livre ouvert, la bible, sur laquelle tout repose. C’est le socle, le fondement, la fondation sur qui tout se tient. Comme nous le dit Saint Jean : « Au commencement était la Parole… » (Jean1, 1).

Le second niveau : ce sont les hommes et les femmes. Ils forment un cercle et ils se tiennent les mains comme pour signifier que dans la mission du Seigneur, on ne fait pas cavalier seul. Comme nous le dit Saint Luc : « Après cela le Seigneur désigna encore soixante-deux et les envoya deux par deux… » (Luc 10,1-3).

Le troisième niveau : c’est une bougie sous forme d’un globe terrestre au-dessus duquel brûle un feu, celui de l’Esprit saint. Comme nous l’enseignent les Actes des Apôtres : « Et comme le jour de la Pentecôte était venu, ils étaient tous ensemble dans un même lieu. Et il se fit tout à coup un son du ciel, comme d’un vent qui souffle avec véhémence, et il remplit toute la maison où ils étaient assis….. » (Actes des Apôtres 2, 1-3).

Enfin, tout ce logo est illuminé par de vives couleurs symbolisant la richesse de nos diverses communautés de consacrés. Il sied de signaler qu’il s’agit là des charismes, des dons, de nos richesses culturelles de toutes nos différentes familles religieuses.

À l’occasion de la Fête de la vie consacrée — Brazzaville, le 07 février 2021

Sr Aude MILANDOU, SSCC

Le temps des sucres – Canada

«  En caravane, allons à la cabane, Oh ! et ho ! On n’est jamais de trop pour goûter au sirop. Pour goûter au sirop, d’érable… »

Ce chant d’Albert Viau a bercé mon enfance.  Jadis, mon père possédait une érablière et chaque printemps c’était une coutume d’organiser pour les voisins et les parents, une fête à la tire durant la saison.  Nous, les enfants, y allions après l’école, bien entendu. Il restait bien quelque chose à déguster… jusqu’à satiété…

Les produits de l’érable ont été mis en valeur dès l’arrivée des Français en Amérique au XVIIème siècle.  Il faut dire que les Premières Nations avaient découvert par un heureux hasard le goût sucré de l’eau d’érable et la manière artisanale de la recueillir et la transformer en délicieux sirop par plusieurs heures d’ébullition.

D’année en année, la cueillette de l’eau d’érable et sa transformation ont évolué grandement, tant dans la manière de recueillir l’eau, de l’acheminer au réservoir et de la réduire en sirop, en tire ou en sucre.  Il fallait «entailler» l’arbre, introduire un chalumeau et accrocher une chaudière pour recueillir le précieux liquide.  Ensuite, on devait «courir les érables», c’est-à-dire chausser les raquettes pour marcher sur la neige abondante, recueillir l’eau, la verser dans un tonneau et l’acheminer vers le grand réservoir de la «cabane à sucre»  à l’aide d’un bœuf ou d’un cheval.  Puis, on «faisait bouillir», ce qui durait de longues heures jusqu’à l’obtention du délicieux sirop que l’on coulait à l’aide d’épais sacs de feutre dans les larges contenants destinés à la vente.

Le sirop en bouillant plus longtemps devenait la tire, que l’on épandait sur la neige et dégustait à l’aide d’un bâtonnet de bois.  Une plus grande cuisson produisait le sucre, que l’on versait dans des moules pour le faire refroidir.

Les cabanes rudimentaires ont vite fait place à la «sucrerie» comme celle où mon père opérait dans mon enfance.  Elle comprenait une grande salle avec une table et quelques chaises. Quelques instruments de cuisine et de la vaisselle en granit étaient rangés sur des tablettes rudimentaires avec les moules pour faire des cœurs en sucre et des pains de sucre.  Un évaporateur avait remplacé le chaudron de fonte des Amérindiens. Du bois de chauffage était empilé à proximité. Sous les combles un immense réservoir accessible par l’extérieur conservait l’eau sucrée en attendant qu’on la fasse bouillir.  C’était un travail laborieux, mais valorisant.

Lorsque la récolte était abondante, les «sucriers» passaient la nuit à surveiller la production pour ne rien perdre.  Mon père engageait un neveu pour l’assister lorsque la coulée donnait son plein rendement.  Mes trois frères aînés se rendaient utiles le samedi, surtout pour la cueillette de l’eau d’érable et rentrer le bois de chauffage.  Ma mère s’y rendait au début de la saison, pour laver le matériel : chaudières de fer blanc, chalumeaux, casseroles, théière, etc.  et apporter des victuailles pour les ouvriers…

À la fin d’avril, elle remettait tout en ordre et lavait le plancher de bois franc qui reprenait sa couleur d’origine.  Et l’on fermait le tout jusqu’à la prochaine saison des sucres.

La production du sirop d’érable dépend en grande partie de la température.  Lorsque les premières corneilles annoncent le printemps, il est temps d’entailler ou de reconnecter la tubulure. Un érable peut donner entre 60 et 160 litres de sève par année selon le climat.  La sève coule plus abondamment si des nuits froides laissent place à des journées ensoleillées ou le mercure est un peu au-dessus du point de congélation.  Les tempêtes de la fin mars ont aussi une influence sur les arbres qui coulent davantage.  Les bancs de neige rendent toutefois la cueillette plus difficile.

Le Québec compte 144,000 hectares d’érables et fournit plus de 83 % de la production mondiale de sirop d’érable.  Le reste provient de l’Ontario et de la Nouvelle-Angleterre aux U.S.A.

La migration des oies ou des outardes vers le nord, marque la fin de la saison.

Depuis 1970, la cueillette de l’eau d’érable se fait au moyen de tubulures sous vide, reliées à des tuyaux qui déversent le précieux liquide dans le réservoir. On ne perd rien, à moins que les écureuils ne coupent les tuyaux de plastique pour s’abreuver…  Les évaporateurs sont équipés de thermomètres et de contrôle d’arrivée de l’eau. Le rendement est meilleur.  Selon sa couleur, le sirop, certifié biologique, est classifié en : clair, moyen, ambré ou foncé.  Il faut 40 litres d’eau d’érable pour produire un litre de sirop, car l’eau d’érable ne contient que 2 ou 3 % de sucre.

Le sirop d’érable est maintenant un produit commercial reconnu internationalement.

Le territoire compte trois types d’érables, dont l’érable à sucre, (acer sucrarum) l’érable rouge, (acer rubrum) et l’érable noir, (acer nigram) qui servent à faire le sirop.  Les autres variétés d’érables servent plutôt à l’ornementation.

Un arbre doit avoir une quarantaine d’années pour être productif.  Une bonne érablière compte entre trois mille et cinq mille érables.  Les producteurs surveillent jalousement leur érablière, pour déceler tout ce qui peut nuire à la croissance et la santé des arbres.  Les arbres malades ou secs sont récoltés pour en faire du bois de chauffage.

Depuis 1980, les cabanes à sucre sont commercialisées et offrent de plantureux repas la saison venue. Le menu est composé de soupe aux pois, de fèves au lard, de jambon, d’œufs, d’oreilles de crisse, (grillades de lard salé) de tire sur la neige et de bonbons à l’érable.

Après le repas, des danses folkloriques aident à la digestion.  Vive le temps des sucres !

L’Abitibi n’a pas un climat favorable à la croissance des érables.  Ce fut un grand deuil pour mon père lorsque nous y sommes déménagés en 1945.  Il fallait espérer que les visiteurs et visiteuses «de par en bas» nous apportent le précieux sirop et quelques pains de sucre.  Ma mère essayait de compenser en fabriquant un succédané, appelé «sirop de poteau», composé de sucre brun, d’eau et d’essence d’érable. Cela ne trompait personne…

En cette année où nous réfléchissons sur la biodiversité et toutes les créatures qui rendent gloire au Dieu Créateur, pensons à le remercier, à le louer pour les richesses de la création, particulièrement pour le délicieux sirop d’érable.  Nous aussi, selon nos moyens, prenons soin de la création en respectant et en protégeant la planète selon nos capacités et chantons :

«Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur ! À Lui, haute gloire, louange éternelle !»

Marie-Paule Laflamme, sscc, Amos-Canada