Le samedi 26 avril 1856, vers minuit « la bouche collée sur l’image du Dieu Sauveur, le front calme, les yeux élevés vers le ciel, le sourire sur les lèvres, sans défaillance d’esprit, sans convulsion, il remit, par un léger soupir, sa belle âme entre les mains de son Créateur ».
Une paroisse en deuil
La nouvelle de la mort du Père Monnereau, fut annoncée à l’occasion de la messe du dimanche, ou « toute l’église pleurait ».
Exposé durant cinq jours dans sa chambre transformée en chapelle ardente, ce délai devait permettre aux prêtres, religieuses et amis éloignés d’arriver à temps pour la sépulture. Dès lors, c’est un défilé ininterrompu, jour comme nuit, témoignage de reconnaissance et de louanges de ses paroissiens, pour celui qui fut durant quarante-deux ans, curé de la paroisse de Notre-Dame des Brouzils. Tous, voulant le voir une dernière fois pour faire toucher à sa dépouille chapelets et/ou médailles. Et ainsi, garder un pieux souvenir de ce Bon Père qui, par l’air angélique qu’il avait conservé sur son lit de mort, faisait dire de lui ici et là, « ce n’est pas un mort comme les autres ».
L’oraison funèbre de ses mérites
Arrivé après sa mort, lui parvenait de Rome une dernière reconnaissance, oraison funèbre de ses mérites, pour sa vie toute passée au travail dans « la vigne du Seigneur », l’élevant aux honneurs de l’Église comme chanoine honoraire.
Le souhait des Religieuses des Sacrés Cœurs, était qu’il soit inhumé dans la chapelle Notre-Dame de la Salette des Brouzils, nouvellement construite. Mais, cette demande ne faisait pas consensus et, « c’est parmi ses fidèles qu’il reposera, au sein du cimetière paroissial ».
C’est un Saint que nous avons perdu
La cérémonie des obsèques eut lieu le vendredi 2 mai 1856, et ce n’est pas moins de soixante-quinze prêtres, cent soixante religieuses, et plus de trois mille fidèles qui affluèrent à la cérémonie, signe de l’émotion suscitée «beaucoup versaient des torrents de larmes» et répétaient, « C’est un Saint que nous avons perdu ». Le corps du Père Monnereau fut d’abord porté dans la chapelle de la Salette pour une messe basse, puis à l’église des Brouzils, pour une messe chantée. Après, la nombreuse assistance accompagna le corps de ce Bon Père à sa dernière demeure, dans le cimetière de la paroisse « au milieu de cette population silencieuse des morts dont il avait béni les tombes».
La mort avait été le moyen de mettre au plus grand jour son œuvre pastorale et ses mérites qui ne cesseront de croître. Et quoi de plus évocateur de cela, que ses derniers mots, empreints de simplicité et d’humilité, à l’ouverture de son testament « A.M.D.G.-J.M.J. Mon âme est à mon Créateur et Rédempteur, mon corps ira, en attendant l’avènement de Jésus-Christ, reposer dans la terre. Pour le reste, s’il me reste quelque bien, qu’il soit à mes chers pauvres et au petit séminaire ».
Thomas Aubin, archiviste de la Congrégation