« Il nous a aimés le premier […] Aimons Dieu car il nous a aimés le premier ». Voici les mots donnés par le Père Monnereau et qui débutent les premières constitutions données aux Sœurs en 1844.
La dévotion de Pierre Monnereau pour le Cœur de Jésus trouve sa source dans la lecture des Pères de l’Eglise et du mouvement spirituel issu de Paray-le-Monial, qui s’est étendu largement au début du XIXe siècle. Puisant en Dieu, la source de son action, le Cœur de Jésus est pour lui le lieu où se révèlent l’amour et la tendresse de Dieu pour les hommes.
En ce jour de la Solennité du Sacré-Cœur, redécouvrons à travers un sermon du Père Monnereau le véritable sens du Sacré-Cœur de Jésus.
“ Qu’est-ce que c’est le Sacré-Cœur de Jésus dont nous célébrons aujourd’hui la fête ? Le divin Cœur de Jésus est la partie la plus sainte et la plus noble de toute la sainte Humanité de Jésus-Christ, notre divin Sauveur.
Ce Cœur qui est le vrai temple, le vrai sanctuaire, le vrai trône de la divinité, et ou la divinité habite réellement, véritablement, essentiellement, substantiellement, corporellement. Ce Cœur qui est le trône de la Sagesse éternelle, le Verbe divin, le Fils de Dieu.
Ce Cœur qui nous dit qu’il fait ses délices d’être avec nous ; ce Cœur qui nous assure qu’il fera un pacte éternel de ne jamais cesser de nous faire du bien ; ce Cœur qui se réjouit avec transport lorsqu’il nous a comblés de toutes sortes de bien ; ce Cœur qui nous attire à lui par les liens d’Adam, c’est-à-dire par des liens de douceurs, de charmes et d’attraits ; ce Cœur qui fait découler sur nous comme autrefois sur Jérusalem des fleuves de paix, des torrents de douceurs, de grâces et de bénédictions ; ce Cœur qui nous flatte et qui nous chérit, comme la plus tendre et la plus affectueuse de toutes les mères flatte et chérit son enfant.
Ce Cœur qui nous crie : Venez à moi, ô vous qui êtes fatiguées et je vous soulagerai, et vos âmes trouveront le repos.
Entrons, entrons par la plaie sacrée de ce divin Cœur, entrons dans ce beau et magnifique palais de la charité et de l’amour-divin ; considérons-en toute la splendeur, toute la beauté, toute la richesse, toutes les grandeurs, toutes les perfections.
C’est cette bonté, c’est cette tendresse, c’est cette charité, cette clémence, cette bénignité, cette miséricorde sans bornes qui le porta autrefois à descendre des cieux pour nous et à naître pour nous dans la pauvreté, à passer sa vie mortelle dans les travaux, les peines et les sueurs, à courir après la brebis égarée d’Israël, à la rapporter sur ses épaules, à recevoir avec bonté la pécheresse, à guérir le pauvre blessé à mort sur le chemin de Jéricho, à justifier le publicain, à prendre la défense de la pécheresse, à réconcilier avec lui l’enfant prodigue, à remettre au bon larron ses fautes, à nourrir ceux qui mourraient de faim, à rendre la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, la parole aux muets, à chasser les démons, à faire du bien à toutes sortes de personnes.
C’est cette tendresse et cet amour de son divin Cœur qui l’a porté à verser son sang pour notre salut, pour notre bonheur. C’est cette tendresse et cet amour qui l’a porté à instituer la sainte Eucharistie et comme sacrifice et comme sacrement.”
Sermon du P. Monnereau n°249
Thomas Aubin, archiviste de la Congrégation