Quand je replonge dans mon enfance, les souvenirs de mes Noëls d’antan refont surface. Je revois le sapin que nous allions couper la veille de Noël, pendant que ma mère cuisinait beignes et tourtières pour le réveillon. Avant de partir pour la messe de minuit, emmitouflés dans le traîneau et au son joyeux des grelots, nous pendions nos bas à la cheminée, car l’Enfant Jésus allait passer…
Au retour de la messe, c’était le réveillon et la découverte des trésors contenus dans nos bas : une orange et quelques bonbons.
Dans des temps plus anciens, au cours de l’après-midi de Noël, le marguiller en charge accompagnait Monsieur le Curé pour la «Quête de l’Enfant Jésus». Les paroissiens étaient visités et invités à partager des denrées alimentaires pour les familles plus démunies. Leur générosité était indéniable.
À cette époque, le temps des fêtes durait plusieurs jours et donnait lieu à des rencontres familiales de bon voisinage. Chaque famille du rang invitait les autres à tour de rôle; on mangeait, on s’amusait, on dansait au son du violon, on chantait des cantiques de Noël en prenant «un p’tit coup.»
Le prêtre se rendait même dans les chantiers pour offrir aux bûcherons le réconfort des sacrements et des nouvelles de leurs familles.
Le Québec a évolué mais les traditions sont demeurées bien ancrées dans les mémoires. La sécularisation du peuple québécois a changé notre vocabulaire. On ne dit presque plus «JOYEUX NOËL» mais «Joyeux temps des fêtes» ! La quête de l’Enfant Jésus a fait place à la guignolée et à la distribution de paniers de Noël aux familles défavorisées. Le commerce s’est mobilisé pour inviter les gens à dépenser follement en cette période de réjouissances. Chaque industrie ou service organise un PARTY DE NOËL, très bien arrosé pour ses employés.
Dans les villes on organise le Défilé du Père Noël au début de décembre, histoire de faire mousser le commerce. Dans les Centres commerciaux, un trône accueille le rouge personnage barbu avec ses lutins et la Fée des étoiles, ce qui invite les parents à amener les enfants faire leurs demandes pour les traditionnels cadeaux… Les chants de Noël résonnent dans les rues pendant les heures de «magasinage». L’ambiance est à la fête.
La Messe de Minuit, célébrée dans les églises à compter de 16 heures, a perdu sons cachet mystérieux, mais demeure souvent la seule messe de l’année pour plusieurs. La tradition veut que l’on assiste à une messe de Noël, pour revivre les joies de l’enfance en admirant la crèche, et entendre les chants traditionnels à une ou plusieurs voix : Les Anges dans nos campagnes; ça ! Bergers, assemblons-nous; il est né le divin Enfant; nouvelle agréable; sans oublier le célèbre «Minuit Chrétiens…»
Les repas de cette période festive ont aussi leurs traditions : dinde, tourtières, ragoût de pattes, beignes, maison en pain d’épice, gâteau aux fruits, et j’en oublie. Les familles trop nombreuses louent une salle pour leurs rassemblements. On sait s’amuser en famille particulièrement dans les campagnes.
Les cartes de vœux autrefois nombreuses sont remplacées par les appels téléphoniques, les courriels et les textos. C’est le progrès, me direz-vous !!! , mais le charme est dilué…
Les décorations sont toujours de mise, avec des arbres artificiels, et bien vite disparues au lendemain du Jour de l’An, car on reprend le travail. Après le «Boxing Day» du 26 décembre, les commerces font disparaître Noël pour annoncer la St-Valentin. La Fête des Rois passe presque inaperçue depuis qu’elle est célébrée le dimanche. Les classes reprennent souvent avant le 6 janvier.
Dès la fête du Baptême de Jésus, les paroisses et les chapelles sont dépouillées des crèches de Noël. C’est le temps ORDINAIRE qui reprend le dessus… Ça se comprend, car on fête depuis le début de décembre… Il est temps de passer à autre chose jusqu’au prochain Noël !
Voilà comment se passe le temps des Fêtes au Québec depuis ces dernières années. À la Communauté, la liturgie nous centre plutôt sur le Mystère du Verbe incarné et les événements qui l’entourent. Nous célébrons le Salut annoncé par Jésus Enfant, sans négliger les meilleures traditions qui durent depuis notre enfance.
Ce serait agréable de savoir ce que vous vivez en France, à Malagasi et en République Dominicaine durant cette période centrée sur la joie !
Sr Marie-Paule Laflamme, sscc (Amos)