Coup de projecteur : Le Bon Père Serres, fondateur des Petites Sœurs des Malades

Le 26 octobre 1827 naissait Jean-Baptiste Serres (1827-1904), plus connu quelques années plus tard comme le Bon Père Serres, fondateur des Petites Sœurs des Malades. La fin de ce mois d’octobre est l’occasion de mettre un coup de projecteur sur quelques points saillants de sa vie.

Jeunesse et premières années de sacerdoce

Né dans la ferme de Marsalou, près de Mauriac (Cantal), il est le second enfant de François Serres et de Jeanne Chabau, un couple de fermiers. Le jour de sa naissance, il est baptisé en la basilique Notre-Dame des Miracles de Mauriac, et c’est au sein de ce foyer paysan, par l’exemple de vie de ses parents, qu’il découvre une foi chrétienne profonde, héritée de ses ancêtres.

De ses jeunes années, on le décrit comme « Bon et doux […] aimant la solitude dans laquelle il cherche le Bon Dieu ». C’est après sa première communion, qu’il promet à Jésus de se consacrer à son service et de devenir prêtre. À treize ans, en 1841, avec l’approbation de ses parents, il entre au collège de Mauriac, puis en 1848, c’est l’entrée au Grand Séminaire de Saint-Flour pour quatre ans. Ordonné prêtre le 5 juin 1852, il devient vicaire de la paroisse de Vaulmier, non loin de Mauriac, ou les relations avec les paroissiens vont lui paraître difficiles et ne correspondent pas avec la solitude qui le caractérise. Traversant une période d’incertitude, il demande en 1856 son admission dans la Compagnie de Jésus, afin de répondre aux vœux de la vie religieuse. Après deux ans de noviciat, éprouvant physiquement et moralement, il quitte la Compagnie.

Le Père fondateur d’une Congrégation nouvelle

C’est en 1858 qu’il est nommé vicaire à Ally, ou, pendant cinq ans, il va retrouver force et équilibre dans l’exercice de son ministère paroissial et ainsi mûrit l’idée de fonder une Congrégation. Lors de ses visites en campagne, auprès des malades abandonnés et privés de soins, il s’émeut de leur sort et songe à fonder une congrégation destinée à les soigner. C’est dans sa paroisse d’Ally qu’il rencontre une jeune fille, Marguerite Marie Lachaud (1839-1895) en qui « Il discerne une âme généreuse, prête à un don total ». Elle sera sa première collaboratrice dans la mise en pratique de la charité, la première à qui il dévoilera son idée d’établir une Congrégation nouvelle pour les malades et les pauvres. C’est véritablement la première pierre de la Congrégation naissante. Le 23 juin 1863, il devient aumônier du pensionnat Notre-Dame à Mauriac, durant un an, il met en exergue son talent d’écrivain, qui ne cessera de croître, par l’écriture d’une Vie de Catherine Jarrige (1754-1836), plus connu sous le nom de Catinon Menette, tertiaire de Saint Dominique. C’est à partir de l’année 1864 qu’il va rencontrer quatre jeunes filles souhaitant se joindre à Marie Lachaud pour visiter les malades, point de départ de la Congrégation des Petites Sœurs des Malades. Et, dans la nuit du 24 décembre 1864, dans le plus grand secret elles prononcent pour un an les vœux de pauvreté, chasteté, obéissance. Sous l’impulsion et le dévouement du Père Serre, la Congrégation va se développer rapidement, par de nombreuses fondations d’ermitage. En 1897, à son apogée, la Congrégation en comptera environ quatre-vingt-dix, dispersées en dix-huit diocèses.

Les dernières années du Bon Père Serres

Le Père Serres qui a cherché la solitude toute sa vie, se retire à l’aube du XXe siècle dans son ermitage de la Thébaïde. Ainsi, il se trouve lié étroitement à Dieu, uni par la prière et le travail.

En 1902, le cinquantième anniversaire de son sacerdoce l’arrache à sa solitude d’ermite pour le conduire devant un cortège de prêtres et de deux cents religieuses. Il y reçoit à cette occasion de nombreuses félicitations et compliments, particulièrement de ces Petites-Soeurs « Non, votre œuvre ne périra pas, Bon et Vénéré Père. Nous resterons dignes de notre vocation, dignes d’être appelées vos Filles…C’est le serment que nous sommes heureuses et fières de déposer dans votre cœur ». Au début de l’année 1903, il sent ses forces décliner, et pense que sa mort approche et y prépare ses Filles. Au début de l’année 1904, il donne à travers une circulaire les dernières recommandations à ses Filles « Vous êtes des religieuses servantes. Vous vous êtes louées au Seigneur Jésus qui vous envoie soigner ses malades et ses pauvres […] vous êtes la pauvreté même ». Il effectue ses dernières visites dans les ermitages pour y donner des retraites, puis se retire définitivement à la Thébaïde. Après un mois de souffrances, offert pour la prospérité de la Congrégation, il s’éteint le 5 août.

En 1954, son corps est exhumé pour rejoindre la chapelle des Vaysses, à Mauriac où il repose pour l’éternité. « Il a été l’ami des ouvriers, des pauvres et des malades. Il se survit dans son œuvre ».

*Les Sœurs des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie ont accueilli en 1999, par voie de fusion la Congrégation des Petites Sœurs des Malades de Mauriac.

Thomas Aubin, archiviste de la congrégation