Première partie : Le départ des Sœurs des Sacrés-Cœurs pour la Mission de Madagascar
“C’est un jour de fierté pour vous, petites Sœurs de Mormaison […] vous partez cinq…vos compagnes vous envient […] la Vendée montre aujourd’hui son amour du Christ, et de la Vierge, pour porter en terre lointaine toute sa foi. Il nous plaît encore de voir une famille spirituelle des plus ferventes essaimer pour accomplir l’œuvre du Christ ”. (Monseigneur Cazaux ; Echo Notre-Dame du Sceptre, avril-juin 1952).
Tel père,…telles filles, les premières Religieuses missionnaires de la Congrégation
Un départ en réflexion depuis 1949 et le passage en Vendée, de Monseigneur Jean Batiot (1898-1953), vicaire Apostolique de Majunga (Mahajanga). Il désire que des Sœurs de Mormaison partent comme volontaires pour remplacer les Sœurs du Saint-Esprit dont le départ est proche. En 1952, c’est d’accord, Mère Ange du Sacré-Cœur répond favorablement au désir de Mgr Batiot.
L’aventure débute le 12 mars 1952, avec la cérémonie de départ des cinq premières Sœurs missionnaires des Sacrés-Cœurs, sous la présidence de Monseigneur Cazaux (1897-1975), évêque du diocèse de Luçon et de Monseigneur Batiot.
Ce jour-là, une foule nombreuse, plus de cinq mille personnes, familles et amis des Sœurs partantes sont venus assister à l’envoi en mission dans la cour d’honneur de la Maison mère. Sur l’estrade, Mgr Cazaux exprime sa joie de voir partir “Des sœurs vendéennes, précieuses auxiliaires pour l’apostolat près des Malgaches”. Les Sœurs, vêtues de blanc s’agenouillent devant la Mère Générale pour recevoir leurs obédiences. Puis, elles récitent la formule de Consécration à l’Apostolat “Pour l’amour de Dieu, pour la plus grande gloire des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie” et enfin, c’est la remise du fanion des Sacrés-Cœurs et le chant de départ “Le Sacré-Cœur pour la moisson féconde, nous fit entendre un très pressant appel : Allez, dit-il, et parcourez le monde…”
Le 26 avril 1952, jour anniversaire du départ pour le Ciel du Père Monnereau (1787-1856), les cinq premières missionnaires des Sacrés-Cœurs partent pour Madagascar. Ainsi, elles répondent au vœu ardent du Fondateur pour ses filles, “soyez donc toutes des missionnaires”. Après un mois de voyage en mer, elles arrivent le 31 mai 1952 à Madagascar, d’abord à Majunga.
Départ pour Mandritsara, le berceau de la Congrégation
Le 12 juin 1952, après quelques jours d’acclimatations, les Sœurs partent sur les routes de Madagascar, dans la brousse, pour un périple de 600 kilomètres. Direction Mandritsara, le voyage dure trois jours, et le 14 juin au soir les Sœurs arrivent à destination, accueillies par les cris de joie et les applaudissements de la population. Les cinq missionnaires s’installent dans une maison presque terminée, elles y installent trois classes pour filles et petits garçons et un dispensaire, qui le soir venu, se transformait en dortoir pour les pensionnaires.
Après quelques jours de connaissance mutuelle, le 1er juillet, cent cinquante élèves se pressent à l’école des Sœurs. Les conditions sont spartiates, il n’y a quasiment pas de mobilier scolaire, le bureau de la maîtresse, Sœur Marie, consiste en une valise sur une chaise. Mais, les Malgaches souhaitent que leurs enfants apprennent le Français, et ils sont si contents de l’ouverture de cette école, que la nouvelle va bon train et chaque jour de nouveaux élèves s’inscrivent. Du côté du dispensaire, les malades sont aussi nombreux à venir pour recevoir les soins de Sœur Bernadette, l’infirmière. De 8 heures à 11 heures, elle fait des pansements, soigne les bébés, va à domicile et à l’hôpital.
Vers de nouveaux champs d’apostolat, les nouvelles œuvres
Les activités des Sœurs s’organisent et se développent petit à petit. Un an après l’arrivée des Missionnaires des Sacrés-Cœurs, Monseigneur Batiot souhaite d’abord des institutrices pour l’école d’Ambato-Boeni à 150 km au sud de Majunga, ainsi que deux sœurs pour l’Hospice municipal de Mahabibo, quartier de Majunga. Pour répondre à cette demande, un renfort de trois religieuses est envoyé en avril 1953. Les Sœurs très attendues de la population arrivent le 10 mai, puis partent directement vers leurs postes. Début août, deux des premières sœurs missionnaires, Sœur Marie-Madeleine du Calvaire et Sœur Marie Saint-Eugène font leur profession perpétuelle sous la présidence de Mgr Batiot. C’est l’occasion pour lui d’exalter la vocation missionnaire et d’exprimer son désir de voir de nombreuses filles malgaches s’engager dans la vie religieuse. La Mission est prospère, grâce aux souscriptions organisées en Vendée, un matériel nombreux est envoyé aux Sœurs.
Mais, le premier septembre, un coup de téléphone annonce une bien triste nouvelle, celle de la mort de Son excellence Monseigneur Batiot, Vicaire Apostolique de Majunga. La Congrégation perd un ami, dévoué au développement de la mission à Madagascar.
A suivre…
Thomas Aubin (archiviste de la Congrégation)