A l’occasion des 200 ans du décès de Mme Massé, née Angélique Jourdan, en religion Mère Marie de l’Ascension, co-fondatrice des sœurs des Sacrés Coeurs, nous ouvrons la voie à plusieurs articles sur cette femme qui a marqué et marque les soeurs et les associés. Laissons aujourd’hui la plume à Marie-Laurence , associée en France :
À toi Angélique Jourdan,
Petite Angélique, trop tôt orpheline de maman et confiée à des religieuses… Comme souvenir de ton papa, tu n’as que la silhouette d’un vieillard qu’on t’oblige à embrasser… Que tu as dû pleurer ! Que tu as dû manquer de tendresse ! Pourtant, la confiance que tu inspires, t’ouvre les portes de la famille Sapinaud, où la garde des trois nièces orphelines du vicaire épiscopal t’est confiée… Décidément, il y a des liens douloureux qui nouent bien singulièrement des existences… La vie semble te sourire enfin, et au château de La Rairie où tu « accompagnes partout ces demoiselles », le jeune René Massé te fait les yeux doux… Vous convolez en justes noces et te voilà, Madame Massé.
Bientôt maman d’un petit Isidore, qui vous comble forcément de joie… Son premier sourire ! Ses premiers pas ! Ses petits bras qui se tendent vers vous ! Mais les guerres de Vendée vous obligent à rejoindre Paris, vous, votre fils et votre républicain de mari, qui vous entraine dans des cercles aux pratiques inqualifiables. Mais vous restez intègre, digne, et fidèle à la noblesse vendéenne. À votre retour en Vendée, bien que séparés l’un de l’autre, votre mari et vous, offrez à votre fils une éducation sérieuse au collège-séminaire. Cependant, le manque d’argent vous oblige à travailler : votre bagage reçu chez les religieuses, votre expérience chez les Sapinaud vont vous servir dans votre fonction de régente ; bravant courageusement les moqueries et les railleries des Brouziliens, vous allez encore une fois, rester digne, droite, courageuse, et, petit à petit, vous gagnerez leur confiance. Votre talent pour l’instruction des petites filles, votre simplicité et votre douceur vont marquer le nouveau jeune curé, qui arrive dans la paroisse. Et le voilà qui vous entraine dans son idée folle de création d’une fondation : votre discrétion, votre expérience d’éducatrice s’harmonisent à son zèle effréné et, avec le consentement de votre mari, vous vous engagez, en compagnie de deux jeunes filles, à devenir religieuse. Vous voilà maintenant Mère Marie de l’Ascension !
À vous Mère Marie de l’Ascension,
Vous, la fidèle ! Vous, la patiente ! Vous, la généreuse ! Vous allez faire avancer vos jeunes sœurs, comme vous avancez vous-même, constamment éprouvée dans votre amour de la Croix, dans votre humilité… Bien qu’enfoncée dans l’ombre des origines, vous avez préparé et reçu le germe ; vous avez affermi et permis l’épanouissement de la grâce de fondation. Et c’est ainsi qu’aujourd’hui, comme Associée, je marche dans vos pas : comme vous, je veux rester fidèle à mes obligations ; comme vous, je veux m’ouvrir aux autres et les servir ; comme vous, je veux donner ce que j’ai reçu ; comme vous, je veux avancer et faire avancer les autres…
Comme vous…
Marie-Laurence Martineau (Associée à la Congrégation)