Le dimanche des Rameaux se célèbre une semaine avant Pâques. Je ne vous apprends rien en disant qu’il rappelle l’Entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, où il sera crucifié par amour pour l’humanité.
Lors de cette célébration, il est convenu de faire une procession accompagnée de chants, autrefois en latin et maintenant en langue vernaculaire, pour acclamer le Christ-Roi, un roi humble et pacifique, rempli de douceur et de miséricorde.
La végétation utilisée pour cette commémoration varie selon les pays. Autrefois, au Québec, on optait pour le sapin ou le thuya. Les palmes vendues de porte en porte étaient souvent trop chères ou absentes des paroisses campagnardes. Le plus souvent, on allait dans le boisé tout proche, ou on recyclait quelques branches du sapin de Noël conservées tout l’hiver dans la neige. Les branches n’étaient pas tressées, mais attachées ensemble. Une fois bénites, on s’en servait pour orner les crucifix ou encore pour faire des aspersions d’eau bénites lors des orages, ou sur la dépouille des défunts. On en retrouvait dans les bâtiments de la ferme, comme protection contre le « Malin ».
Chaque année les anciens rameaux bénits laissaient la place aux nouveaux. On rapportait les anciens à l’église où quelqu’un les brûlait, ce qui constituait les Cendres que les fidèles se faisaient imposer pour commencer le Carême.
Depuis quand tresse-t-on les rameaux ? Je l’ignore. Mais je me souviens que vers 1958, alors que j’enseignais à St-Benoît de La Corne, ma compagne Mireille Rompré s’appliquait à tresser une énorme palme que notre Curé porterait fièrement en procession le dimanche des Rameaux.
Il n’existe pas de technique prescrite pour tresser les rameaux. Chaque personne peut déployer sa créativité; il existe cependant une récurrence dans les modèles. Différentes tresses sont faites à partir de deux, trois ou quatre feuilles. Pour les tresses à plus de trois brins, on s’inspire de diverses techniques dont le macramé. Une autre technique dite « cagée » donne des formes davantage en volume que la tresse. Celles-ci sont parfois appelées « cocottes » qui peuvent être rondes ou carrées. Lorsque le tressage est terminé, on le ferme à l’aide d’un ruban ou d’un nœud très serré pour assurer la solidité de l’arrangement. Le temps nécessaire pour le tressage varie en fonction des modèles et de la qualité des rameaux.
Il n’est pas toujours facile de bien séparer les feuilles avant de commencer le travail. Il arrive que la partie centrale de la palme ne soit pas assez mûre. Il est aussi primordial que les rameaux soient humides, sinon, ils peuvent casser lors du tressage. Pour s’en assurer, on les enveloppe dans une serviette humide. Lorsqu’ils sont terminés, on les conserve dans des bacs de plastique hermétiques, ou on les fait sécher la tête en bas.
Les villages de Donnacona et de Cap Santé, situés à proximité de Québec, s’appliquent à transmettre ce savoir-faire aux jeunes générations, afin que la pratique des rameaux soit préservée. Depuis une dizaine d’années, des activités familiales et intergénérationnelles sont organisées par Sœur Gisèle Paquet, agente en pastorale, afin de permettre aux enfants d’en apprendre plus sur l’origine et la signification des rameaux ainsi que sur la passion de Jésus. On leur enseigne comment tresser un rameau grâce au savoir- faire des aînés-ées.
Ce court écrit dont je n’ai rien inventé est parsemé de quelques images qui serviront mieux que des mots à vous faire découvrir des trésors de créativité et d’habileté.
Bon dimanche des rameaux et pieuse Semaine Sainte !
Sr Marie-Paule Laflamme, Amos Canada.