Tout était prêt et annoncé pour une veillée pascale à 15 h 30 le samedi saint. Même si associer le mot « veillée » à « 15 h 30 » avait quelque chose d’incongru, mais en ce temps de couvre-feu on s’en accommodait. Quand les Évêques de France ont dit « Non, non, non… la veillée pascale doit se faire de nuit », et surtout s’il y a des baptêmes. Qu’à cela ne tienne, ce sera à 6 h 30 !
J’ai commencé par douter, sourire de cette décision : qui viendra à cette heure si matinale, un dimanche matin ? Puis, peu à peu, à la réflexion cette idée a fait son chemin. Oui, il peut y avoir quelque chose de beau à vivre en Église à ce moment-là. Fêter la résurrection du Christ à l’heure où la nuit cède le pas au jour, c’est toute la symbolique du passage : des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, du péché au salut.
Alors, en ce 4 avril, dimanche de Pâques, je me suis rendue à ce qui fut baptisé « aube pascale », qui n’en était pas moins la liturgie de la « veillée pascale ». Surprise de voir combien de paroissiens avaient pris ce même chemin, de tous âges, des enfants bien éveillés et des personnes âgées, des familles entières. Tous, visiblement heureux de se retrouver.
Il est 6 h 30 quand nous sommes invités à nous tourner vers le fond de l’église où l’on va allumer le feu pascal, sur le seuil, portes grandes ouvertes sur la nuit. Il brille, il est magnifique ce feu que le prêtre va bénir et auquel sera allumé le cierge pascal. Lumière qui dissipe les ténèbres, symbole du Christ ressuscité. Ce cierge pascal auquel seront allumés tous les cierges de l’assemblée : Christ est notre seule lumière.
La célébration se poursuit… comme une veillée pascale et les symboles prennent une dimension toute particulière. Celui du passage des ténèbres à la lumière en particulier : entrés dans l’église de nuit nous en sortons en pleine lumière avec un soleil radieux. C’est toute la symbolique de Pâques que l’on perçoit mieux qu’à la veillée pascale, où l’on entre de jour pour sortir la nuit tombée… Et puis c’est bien le matin de Pâques que les femmes sont allées au tombeau et l’ont trouvé vide. L’évangéliste Jean précise même que « c’était encore les ténèbres ».
La célébration terminée, à la sortie de l’église les gens s’attardent et partagent leurs impressions : aube pascale qui prend tout son sens et sa symbolique du passage. Magnifique aube pascale ! Christ est vraiment ressuscité, Alleluia !
Et si on continuait avec cet horaire les prochaines années ?
NB – Et tout ça bien sûr dans le strict respect des consignes sanitaires (masque, gel, distanciation, communion dans la main, geste de paix du regard).
Sœur Emmanuelle
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