Vacances ! En saison estivale, voilà bien un mot qui flotte et claque à tous les vents, dans les échanges quotidiens et sur la planète médiatique. Si l’on s’en tient seulement aux journaux télévisés du 20 H, on constate que les séquences sur les vacances se taillent une bonne place au sein des “nouvelles”, trop souvent (hélas !) dramatiques.
D’emblée, précisons que ce bref “reportage” sur nos propres vacances rime avant tout avec partage. Exercice à la fois facile et délicat parce que tant de gens ne partent jamais en vacances et qu’en bénéficier constitue déjà un privilège. Un privilège qui serait pur égoïsme s’il n’y avait pas une perspective de fécondité, un “projet” tacite et modeste qu’on pourrait formuler ainsi (après expérience) : engranger dans ce “vide” d’activités habituelles une réserve d’énergie renouvelable pour nous-mêmes et pour nos sœurs et frères qui croiseront notre chemin demain.
“Tant de mains pour transformer le monde
et si peu de regards pour le contempler.”
Julien Gracq
Cette citation, découverte au cours de nos vacances, évoque notre intention, non pas de transformer le monde, loin s’en faut, mais de contempler les beautés naturelles à portée de regard : la montagne et ses lacs, les prairies verdoyantes et les fleurs, les oiseaux et les “bêtes des champs”… C’est aussi respirer la douceur du climat et du relief … dans cette vallée pyrénéenne d’Azun, à proximité de Lourdes. Dans de telles conditions, comment ne pas penser spontanément à Laudato sì’ !
Au programme du séjour : marche, petite ascension, pèlerinage à Lourdes et à Sainte Anne de Pouey-Laün, jeux de scrabble et de belote, lectures personnelles et… fidélité à un rite établi depuis plus d’une décennie, à savoir la lecture collective d’un livre récent. Cette année, un ouvrage au titre étonnant a suscité un véritable intérêt en chacune de nous et nous a ouvertes à de multiples facettes inattendues de la Beauté. Nous connaissons tous et toutes ce mot célèbre : “La beauté sauvera le monde”. Mais le monde a bien changé depuis la parution de “L’idiot”, l’œuvre de Dostoïevski d’où cette citation est tirée. Pendant ces vacances 2020, c’est Jean-Claude Guillebaud qui nous a fait plonger dans un défi majeur en publiant : “Sauver la beauté du monde”. En douze chapitres, il aborde des domaines très divers où on n’imaginerait pas les nuances infinies de la Beauté qui s’offrent généreusement aux regards. On y a appris également beaucoup de choses dont on ne se souviendra pas pour les raconter, mais le cœur et l’esprit ont été touchés, et c’est bien l’essentiel. Une manière comme une autre d’être transformées et donc de transformer le monde … un peu, peut-être !
Voilà donc pour vous, malgré les exigences sanitaires, nos vacances dé-masquées.
Sœurs Marie-Henriette Sachot, Louise Nobiron, Marie Griffon