Avec émotion disais-je. Ce sont deux sœurs de 96 et 86 ans qui n’ont jamais quitté Fontenay ou si peu pour l’une d’elles. C’est un dépaysement total pour elles, dont j’ai pleinement conscience. Dépaysement du lieu et des sœurs si peu connues avec lesquelles elles vont désormais faire communauté. C’est aussi une entrée en EHPAD… J’ai conscience de tout ce que cela veut dire, du renoncement auquel elles sont appelées et donc auquel je suis appelée, auquel nous sommes d’ailleurs tous appelés. Pour elles c’est l’aboutissement d’un cheminement spirituel à la suite de la proposition qui leur a été faite, le fruit d’une foi profonde et d’une grande disponibilité, l’accueil de leur vieillissement.
Je ne parlerai pas ici d’obéissance, ce mot est trop souvent mal compris. Je parlerai plutôt de disponibilité, d’abandon, d’accueil de l’événement reconnu comme signe de Dieu. « Les événements sont nos maîtres » aime à répéter sœur Madeleine à la suite de St Vincent de Paul.
Bien sûr rien d’exceptionnel dans cette situation. Combien de nos anciens doivent faire un passage semblable. Leur chemin d’acceptation n’en est pas moins un beau témoignage tant pour nous, religieuses, que pour les laïcs, leurs amis avec qui elles partageront cette expérience.
Madeleine, Marie-Geneviève votre témoignage nous édifie, dans tout le sens du terme : il nous fait grandir, il nous aide à grandir. Nous vous en sommes profondément reconnaissantes. Et je vous souhaite de vous habituer rapidement à l’Épiardière, d’y vivre en grande paix et sérénité, cette paix qui déjà vous habite.
* Livre de la Genèse, chapitre 12, verset 1
Sr Emmanuelle